L’évaluation de l’état de la population nationale du Bécasseau maubèche repose sur les évaluations des populations de deux des trois sous-espèces présentes au Canada, étant donné que l’effectif de la sous-espèce C. c. roselaari y est si faible qu’il n’aurait pas d’incidence sur l’état de la population nationale de l’espèce. De façon générale, il semble que la population canadienne du Bécasseau maubèche a connu une diminution modérée depuis environ 1970, les sous-espèces présentant toutefois des tendances différentes et les données remontant aux années 1970 étant rares. Par conséquent, la fiabilité de cette évaluation est jugée faible.
Les résultats de surveillance des migrations à l’échelle continentale, qui concernent probablement plutôt la sous-espèce rufa étant donné que la sous-espèce islandica hiverne en Europe, laissent croire à une diminution importante (de 5,7 % par année; voir plus bas), mais la précision de cette évaluation est faible et la proportion d’oiseaux couverts par ces relevés est inconnue. Ce résultat va dans le sens de celui d’autres dénombrements visant la sous-espèce rufa : des relevés aériens effectués dans les lieux d’hivernage méridionaux de la Terre de Feu ont révélé une baisse d’effectif de 80 % depuis 1982 (Morrison et Ross 1989, Andres et al. 2012). Des relevés réalisés à des sites d’hivernage et des haltes migratoires laissent croire à une diminution d’effectif au cours des années 2000, suivie d’une période de stabilité relative à des niveaux inférieurs à ceux observés dans les années 1980 et 1990 (ECCC 2017d). Les populations hivernantes de Floride et du nord du Brésil ont connu des baisses d'environ 50 % depuis le début des années 1980 (Dey et al. 2011, Andres et al. 2012). La population mondiale est estimée à environ 42 000 individus (Andres et al. 2012).
On pense que la sous-espèce islandica est la plus nombreuse des six sous-espèces reconnues dans le monde, sa population mondiale s’élevant à environ 80 000 oiseaux (Meltofte 2004, Andres et al. 2012). Les dénombrements hivernaux effectués en Europe laissent penser que la population de la sous-espèce islandica a varié au cours des 40 dernières années (COSEPAC 2007f), mais a connu globalement peu de changement ou peut-être une légère diminution du milieu des années 1980 à 2015 (van Roomen 2015). La fiabilité de cette évaluation est jugée faible étant donné que la proportion d’oiseaux canadiens dans ces relevés hivernaux est inconnue et que ces derniers ne couvrent pas l’entièreté de l’aire d’hivernage de la sous-espèce.
Il y a aussi beaucoup d'incertitude quant à la taille de la population de la sous-espèce C. c. roselaari parce que la connaissance de sa répartition hivernale est incomplète (ECCC 2017d). Selon des travaux récents de marquage-réobservation, la population mondiale serait d’environ 17 000 individus (Andres et al. 2012); les effectifs traversant l’Alaska en migration antérieurement rapportés variaient grandement, entre 20 000 et 110 000 individus (Buchanan et al. 2010, Niles et al. 2010, Morrison et al. 2006), alors que l’effectif passant par le Canada ne représenterait que moins de 1 % de la population mondiale. Selon COSEPAC 2007f et ECCC 2017d, la sous-espèce a diminué d’au moins 47 % au cours des 15 à 20 dernières années.
Les objectifs nationaux de population pour le rufa et le roselaari sont tirés du programme de rétablissement et de gestion du Bécasseau maubèche (ECCC 2017d). L’objectif national pour le rufa est, au minimum, d’augmenter la population au niveau observé à la fin des années 1980 et au début des années 1990 (100 000-150 000 individus); l’objectif pour l’islandica est de maintenir la population à son niveau actuel (environ 80 000 individus). L’objectif de rétablissement pour le roselaari est de conserver ses haltes migratoires de façon à ce que celles-ci abritent au moins l’effectif actuel d’individus de passage (environ 170 individus). L’objectif national de population pour le roselaari consiste donc à maintenir l’effectif actuel. On considérera que les trois sous-espèces se situe en deçà du niveau inférieur acceptable par rapport à leurs objectifs jusqu'à ce qu’elles soient retirées de la liste de la LEP.
Plus d'informations sur : Analyses de données de surveillance de la migration des oiseaux de rivage
